Ressources urbaines, une coopérative d’un nouveau genre
Un collectif d’artistes et d’acteurs culturels genevois lance une coopérative pour offrir des espaces de travail et d’échange aux artistes locaux.
Ressources urbaines est une jeune coopérative qui vise à offrir des espaces de travail, d’échange et de diffusion artistiques à des prix abordables. Fondée par un collectif d’une dizaine de personnes – artistes, acteurs et activistes du milieu culturel genevois –, Ressources urbaines vise la constitution d’un parc d’ateliers et de lieux destinés aux pratiques artistiques et culturelles.
«Il nous semble nécessaire d’instituer un acteur immobilier à la fois politique et professionnel qui puisse participer à la construction de la ville», commente Luca Pattaroni, président de la coopérative et chercheur en sociologie urbaine. «Nous souhaitons devenirs proactifs en tant qu’acteurs des projets de développement urbain», indique-t-il.
Plus qu’une simple régie
Ressources urbaines n’entend cependant pas se cantonner au rôle de régie immobilière. En plus d’un travail de veille foncière, la coopérative sensibilisera les propriétaires et les politiques, et développera des projets artistiques. «Notre coopérative est un outil au service de la culture qui doit permettre de débloquer des espaces», explique Jérôme Massard, membre fondateur. «Chaque coopérateur apporte son expérience et, dans la mesure où nous sommes tous des acteurs du milieu culturel genevois, nous connaissons les besoins des artistes. Ce projet est inédit, car conçu par et pour les acteurs culturels», précise-t-il.
Contexte d’impasse
Le projet naît d’une motivation à la fois politique et urbanistique. «La raréfaction de lieux destinés à l’expérimentation, aux rencontres et aux activités culturelles en général, combinée à la disparition de la scène squats, de lieux comme Artamis et des contrats de confiance sont à l’origine des nos réflexions», explique Luca Pattaroni. Le sociologue déplore que seuls les projets lucratifs trouvent leur place à Genève: «Les activités non rentables sont embêtantes car elles ne payent pas le loyer, on leur fait souvent une place temporaire avant d’y mettre une activité plus sérieuse.».
Dans ce contexte d’impasse et de durcissement de la situation foncière, Ressources urbaines entend attester la légitimité de ses activités, qu’elle juge nécessaires dans le canton de Genève. «Il s’agit de réaffirmer une forme de culture alternative, participative et autogérée», conclut le président de la coopérative.
Les premiers bâtiments
Depuis le mois de mai, Ressources urbaines dispose d’un premier bâtiment de 170 m2 situé au 76, route des Acacias. L’Etat en est propriétaire, mais le collectif a signé un bail de trois ans avec l’Office des bâtiments (OBA) pour l’ensemble des locaux du rez-de-chaussée. Dès le mois de juin, Ressources urbaines y expérimentera un projet de «Commun». Pour ce faire, l’immeuble sera aménagé en espaces de travail collectifs. L’attribution d’ateliers sera réservée aux membres de la coopérative (une part sociale de 100 francs est requise pour l’adhésion).
Une surface de diffusion artistique, propice aux événements et aux rassemblements, sera aménagée afin que les membres de la coopérative puissent y organiser des performances, workshops, projections ou installations. Comme toute coopérative, celle-ci ne fonctionnera que grâce à ses coopérateurs. Artisans, créateurs, artistes, musiciens acteurs, chercheurs ou travailleurs sociaux, collectifs ou associations sont invités à prendre part à ce projet collectif.
Le 76, route des Acacias sera inauguré ce mercredi soir. La coopérative en profitera pour fêter son lancement. D’autres locaux situés au 19, rue Château-Bloch, à Vernier, ont d’ores et déjà été mis à disposition pour un an (renouvelable) par la Ville de Genève. I