Résumé de la « Journée de l’économie sociale et solidaire – Réalités genevoises »
Un coup de projecteur sur l'économie sociale et solidaire (ESS) à Genève a été donnée le 12 mars 2015. Retour sur les moments et les messages forts.
Co-organisé par la Ville de Genève et APRÈS-GE, la Journée de l’économie sociale et solidaire – Réalités genevoises a réuni plus de 150 personnes. L’audience diversifiée était issue de collectivités publiques du Canton de Genève, d’acteurs économiques de l’ESS et non ESS, de milieux académiques, ainsi que d’autres partenaires de la Chambre. Cette journée a été modérée par M. Didier Gendraud.
Cette Journée de l’ESS s’inscrit dans une série d’événements organisés pour les 10 ans de la Chambre genevoise de l’économie sociale et solidaire, APRÈS-GE.
Introduction
Mme Sandrine Salerno, Conseillère administrative de la Ville de Genève a introduit cette journée en mettant en avant le rôle de l’ESS en tant qu’alternative à l’économie classique. L’ESS n’est pas un but mais un moyen au service de l’humain et qui respecte des critères sociaux et environnementaux. L’ESS est une économie diversifiée, active dans tous les secteurs et qui développent de bonnes pratiques en matière de durabilité sociale, économique et environnementale. L’ESS a prouvé qu’elle était de plus une réalité tangible viable sur le long terme. C’est pourquoi la Ville de Genève s’est engagée à soutenir l’ESS depuis 2007, y compris pour la publication de cette étude statistique.
Le programme de la Journée s’est ensuite déroulé en trois temps, avec une présentation des réalités genevoises de l’ESS, suivie de témoignages d’entreprises et organisations de l’ESS et d’un parcours guidé parmi les commerces de l’ESS (Parcours-ESS.pdf ). Le programme complet de la journée : programme12mars.pdf..
Réalités genevoises de l’ESS
Chargé de présenter la Chambre et ses activités, Carole Zgraggen Linser, Présidente d’APRÈS-GE, a rappelé l’importance des valeurs de l’ESS. Celles-ci sont les fondements de la définition de l’ESS et de ses critères adoptés par la Chambre et ses membres, dont en particulier le critère de la lucrativité limitée qui est central. L’ESS est ainsi une économie privée qui place la personne avant le profit et qui regroupe des structures à lucrativité limitée dans de nombreux secteurs économiques. Au sein de ces organisations, l’intérêt collectif prime sur la concentration des richesses. Les valeurs de respect, de bien être social, de respect de l’environnement, de la diversité et de la cohérence se déclinent dans le fonctionnement même des organisations et entreprises de l’ESS. L’ESS est une économie locale, ancrée dans le territoire et non-délocalisable.
Mathieu de Poorter, Coordinateur du programme ESSpace pour la Chambre vaudoise de l’économie sociale et solidaire, APRÈS-VD, a brièvement présenter le programme de collaboration entre les Chambres franco-suisses partenaires. Sur la base des résultats de ce programme, il a démontré que l’ESS est une réalité économique qui s’inscrit dans un mouvement plus large et global. L’ESS est un secteur économique reconnu au niveau international, auprès d’organisations inter-gouvernementales. C’est aussi un domaine d’étude scientifique qui regroupe de nombreux réseaux d’universités et de centres de recherches. Et c’est enfin un secteur économique qui est reconnu au niveau législatif dans de nombreux pays. L’ESS n’est donc pas une particularité genevoise. L’ESS est de plus un acteur économique de poids et son importance est en cohérence avec les tendances observées dans les autres pays européens. Présentation de Mathieu de Poorter : Presentation-MdP.pdf.
Sophie Swaton, Première assistante au Centre Walras Pareto et à l’Institut de géographie et de durabilité (IGD) de l’Université de Lausanne, a présenté la méthodologie de l’étude statistique. Sophie Swaton a mis en avant la définition unique développée par APRÈS-GE, sur la base de critères inclusifs. Ces critères sont identifiables à partir des pratiques observées au sein des organisations et entreprises de l’ESS, au-delà des statuts traditionnels de l’ESS. Les atouts de cette définition sont l’approche inclusive, le fait de combiner des critères contraignants et évolutifs et de prendre en compte l’environnement.
Lara Baranzini, responsable du projet de l’étude statistique a présenté les résultats saillants de l’étude. Les objectifs de cette dernière sont de dresser une photographie de l’ESS en vérifiant les critères, ainsi que mutualiser les bonnes pratiques entre organisations et entreprises de l’ESS. Présentation de Lara Baranzini : Presentation_LB.pdf .
Chistophe Dunand, co-fondateur d’APRÈS-GE et membre de son Comité a présenté les perspectives de l’ESS genevoises. Depuis la création de la Chambre il y a 10 ans, tous les biens et services peuvent désormais être produits par l’ESS. Cette économie a prouvé qu’elle est une économie de pionniers, qu’elle est innovante, et qu’elle s’inscrit dans un mouvement qui dépasse les frontières de Genève et de la Suisse.
Il existe cependant des freins au développement de l’ESS. Ceux-ci sont liés à des capacités de production limitées, de même qu’une demande de produits et services issus de l’ESS, elle aussi limitée. Il existe en outre des raisons internes à l’ESS : la croyance non-fondée qu’une grande entreprise ne peut pas être de l’ESS ; le manque d’esprit d’entreprise sociale et solidaire, malgré des changement de compétences ; et, la concurrence avec des entreprises de l’économie capitaliste, qui offrent des prix plus bas du fait de l’absence de préoccupations sociales et environnementales.
La place de l’ESS dans la transition vers l’économie de la durabilité implique de profonds changements de mode de vie et de consommation. Il s’agit aussi de se soucier des pertes d’emplois possibles liées à ce changement. L’ESS ouvre la voie des champs des possibles mais, seule, n’a pas le levier suffisant pour faire basculer le système économique dans l’économie de la durabilité.
Ce changement d’échelle nécessite de soutenir les organisations et entreprises qui souhaitent augmenter leurs impacts sociétaux positifs ; ceci en étant copiées, en dupliquant et répliquant leurs bonnes pratiques. Il s’agit aussi de développer des collaborations avec les communes, à travers des projets spécifiques, tels que les écoquartiers ; ou encore, avec l’intégration de critères économiques et sociaux dans les politiques d’achat. Il faut de plus soutenir la création de nouvelles organisations et entreprises de l’ESS ; tout en soutenant la consommation responsable de biens et services. Enfin, il est important d’enchanter la transition vers les l’économie de la durabilité. Ce changement implique certainement moins de biens mais plus de liens. L’ESS est une réalité concrète qui offre une perspective positive et durable.
Présentation d’entreprises et organisations de l’ESS
Nicole Bardet – Membre du Conseil d’administration et responsable de la représentation romande de la Banque Alternative Suisse. Présentation de Nicole Bardet : Presentation_NB.pdf.
Thomas Descombes, Paysan-producteur à la Ferme des Verpillères, Co-fondateur de la ferme Les Ares et Vous et membre du bureau de l’Affaire TourneRêve a présenté l’Agriculture contractuelle de proximité (ACP) qui existe depuis 37 ans à Genève. Il existe à ce jour sept structures qui offrent la possibilité aux paysans de planifier et diversifier leur production ; ceci, principalement sous la forme de paniers de produits maraîchers.
L’Affaire TourneRêve fonctionne sur le même principe de commercialisation pour les produits agricoles, en mettant en avant non pas les produits maraîchers mais des produits issus des fermes céréalières. Un des objectifs étant à terme d’étendre le système ACP aux autres productions agricoles.
L’ACP et l’ESS convergent sur les valeurs et par un ensemble de pratiques et d’impacts sociétaux positifs. L’ACP offre en effet un système économique durable qui permet d’augmenter le nombre d’emplois dans l’agriculture, ainsi que le nombre de structures agricoles ; ceci, à contre courant par rapport aux tendances observées dans l’économie capitaliste. Ces structures sont encouragées à développer une production écologique et aucun OGM n’est utilisé. L’ACP favorise aussi la diversité animale et végétale. La dimension humaine est aussi une réalité en favorisant les temps partiels, en ayant plus de femmes qui travaillent et en limitant la hiérarchie au profit du participatif. L’ACP est aussi transparente, aussi bien dans sa production que la commercialisation des produits. De plus, l’ACP appuie son développement sur la construction de partenariat avec des artisans. Enfin, l’ACP donne la priorité à la qualité plutôt qu’à la quantité, avec une production peu intensive mais respectueuse des terres.
Les structures de l’ACP ont développées des pratiques innovantes qui leurs permettent d’améliorer leur impact sociétal. Cela passe par la créations de structures agricoles de petites tailles et diversifiées ; par la remise sur pieds de filières artisanales ; par l’accès à la terre pour les non-paysans ; par une agriculture nécessitant peu de terre ; par le renforcement du lien social qui est toujours à l’origine de la création des structures ; et enfin, par le dynamisme de la production possible car la diversification des cultures offre de la flexibilité, de la durabilité et est très peu gourmande en énergie.
Benoît Molineaux - Secrétaire général et membre fondateur de la Coopérative d’habitation Equilibre, Membre fondateur et directeur de l’association Terragir – énergie solaire. Présentation de Benoît Molineaux : Presentation_BM.pdf.
Pour plus d'informations vous pouvez télécharger :
- La synthèse de l’étude statistique : Synthese-etude-statistique-APRES-GE_2015.pdf
- L’intégralité de l’étude Panorama de l'économie sociale et solidaire genevoise - Etude statistique 2015 : Etude-statistique-web-APRES-GE_2015.pdf
- Communiqué de presse du 12 mars 2015 - L’économie sociale et solidaire (ESS) : une réalité économique, sociale et environnementale pour Genève