L'évaluation des organismes et projets de l'ESS : quels enjeux?

Introduction

Ce Café se situe dans le prolongement du Café de décembre 2007 sur la LIAF et en constitue un approfondissement. A ce titre, nous vous à consulter la synthèse rédigée par le groupe de travail LIAF, Mémorandum sur la gestion des subventions de l'Etat.

L'évaluation est une procédure toujours plus fréquente dans nos sociétés. Souvent liée à des financements externes, elle existe aussi à l'interne pour des besoins de bonne gestion. Elle permet aux décideurs et/ou aux bailleurs de fonds d'avoir une idée de la manière dont le projet ou l'organisme qu'ils ont soutenu a rempli les objectifs de départ.

Elle leur est utile également pour légitimer et valider leur choix. L'évaluation peut permettre également la comparaison entre plusieurs entreprises en mesurant leurs performances respectives sur différents aspects économiques, sociaux et environnementaux. 

Avec son approche méthodologique, légitimée par la théorie, les évaluations sont des outils paraissant très techniques et scientifiques, donc à priori neutres. Il n'en est rien et ceux qui ont eu à subir une évaluation externe particulièrement autoritaire n'auront pas manqué de noter la forte subjectivité possible de la démarche. Cette idée erronée a heureusement largement été démentie, notamment dans les milieux scientifiques, économiques et politiques. Il est maintenant largement accepté qu'évaluer nécessite de savoir ce qui importe et ce qui n'importe pas et que cela ne peut se faire sans recourir à un jugement de valeur. Cette dimension normative de toute procédure d'évaluation a été mise en évidence dans le contexte de l'évaluation des dimensions sociales et environnementales. Ces dernières résistent en effet plus encore que la dimension économique à la mise en chiffres objectifs. 

Pour l'ESS, les enjeux liés à l'évaluation sont multiples et essentiels. Les projets et les organismes de l'ESS fondent leur spécificité et leur plus-value sur précisément les dimensions sociale et environnementale. Ils ont beaucoup à perdre à subir des évaluations d'orientation trop purement économique à travers lesquelles leurs performances paraîtront bien pâles. C'est donc la reconnaissance même de l'ESS qui est en jeu et sa capacité à attirer les financements, notamment publiques. 

Nous avons demandé aux participants s’ils ont déjà été confrontés à des procédures d'évaluation interne ou externe, et s’ils ont, dans ce cas, des éléments de réponse à apporter aux interrogations suivantes : 

• A quels types d'évaluation avez-vous été confrontés? Dans quel(s) contexte(s)? 
• Quels enjeux ont été mis en évidence? 
• Quels ont été les contraintes générées par l'évaluation? 
• Cette procédure a-t-elle donné naissance à des conflits sur la méthode et/ou les résultats? 
• Quels impacts a eu cette évaluation sur votre organisme/projet? 
• Dans le cas où vous avez eu plusieurs expériences en la matière, peut-être avez-vous eu l'occasion de les comparer... 
• Pensez-vous qu'il y ait intérêt à développer des outils d'évaluation spécifiques à l'ESS et, si oui, lesquels? 

Pour information, des expériences en matière d'élaboration de méthodologies d'évaluation et d'indicateurs spécifiques à l'ESS, au développement durable, etc. existent déjà. On peut notamment citer

• les indicateurs du Global Reporting Initiative (GRI http://www.globalreporting.org/Home)
• les évaluations de 4e et même de 5e génération dites « participatives »: L'évaluation de l'économie sociale: quelques enjeux de conceptualisaiton et de methodologie
• l'évaluation de l'utilité sociale (http://www.avise.org/). 
• le livre Marie-Dominique Perrot et al., « Ordres et désordres de l'esprit gestionnaire », Lausanne, Réalités Sociales, 2006, 255 p.