Les Escapades de Natacha au coeur de la Banque alternative suisse (BAS)

Natacha de Santignac, journaliste, blogueuse et voyageuse, part à la découverte des membres de la Chambre et vous propose de l’accompagner dans ses « petites escapades » au cœur de l’ESS, aujourd’hui à la Banque alternative suisse.

Depuis que je possède une carte demi-tarif CFF, je n’arrête pas de prendre le train ! Pour une envoûtée du mouvement telle que votre fidèle chroniqueuse, c’est tout simplement génial ! Ce matin, je quitte Genève enfouie sous le stratus et quelle n’est pas ma surprise de trouver Lausanne en plein soleil ! J’ai rendez-vous à la Banque Alternative Suisse. Quand j’ai lu ce nom pour la première fois, un télescopage s’est produit dans mon cerveau : mes neurones ont eu besoin d’un temps d’adaptation. L’association des mots « banque » et « Suisse » paraît naturelle, en effet, inutile de vivre autour du lac Léman pour cela !  Ce qui l’est moins en revanche, c’est « alternative ». Déjà associer ce mot à « Suisse », est un peu étrange, mais alors à « banque », c’est juste atomique ! Vous imaginez mon état d’excitation de partir à la découverte d’une banque (attention, une vraie !), qui applique des valeurs liées à une autre vision de l’économie, à un tout autre rapport à l’argent. Suivant scrupuleusement la feuille de route envoyée pour me guider, j’achète un billet de métro, embarque et réalise que mon voyage sera court, pour ne pas dire bref. Je descends au Flon, je suis ailleurs, dans une bande dessinée ou une autre galaxie. Assaillie par les couleurs, la variété des boutiques, l’énergie qui circule, je pars à la recherche du bâtiment drapé « de grands triangles blancs ». Bingo, j’y suis ! Encore un petit tour en ascenseur, puis l’affaire est dans le sac !

Une élévation de deux étages au-dessus du niveau du Flon suffit pour pénétrer un tout autre univers. Je viens d’entrer dans du coton, ou plutôt, je me suis glissée dans sa douceur, son calme, sa plénitude. Voilà l’impression qui m’envahit alors que Nicole Bardet, Responsable de la représentation romande de la Banque Alternative Suisse, m’accueille dans ses locaux flambant neufs. Signe de l’installation encore récente, les baies vitrées vierges sont en cours de transformation : des bandes autocollantes translucides aux formes géométriques vont désormais les recouvrir. Mon œil avide se promène et détecte immédiatement la présence d’un certain « citron-vert » énergique, lasuré sur les boiseries, mais également en bonne place sur les plateaux des tables, sans parler du chêne apaisant du mobilier, à eux seuls, ils donnent le ton du lieu. Le sentiment d’être chez moi se trouve aussi renforcé par l’amabilité de Nicole et de toutes les personnes qu’elle me présente. Un accueil aussi chaleureux que sincère dans une banque, c’est une première ! En général, je me sens toujours dans mes petits souliers et non à ma place.

Nicole et moi entrons donc dans le vif du sujet, à savoir qu’est-ce qu’ « alternative » veut dire dans le jargon bancaire, suisse de surcroît ! Si j’ai bien compris, c’est assez simple en fait. Bien que la banque offre désormais tous les services bancaires classiques : compte courant, compte épargne, carte de crédit, fonds de placement (sa vocation première ayant été de favoriser l’épargne), sa règle d’or n’est pas de rechercher la maximisation du profit lors de l’investissement des fonds. Le but, en effet, est de privilégier des projets viables, en accompagnant les mouvements de la transition de l’économie, à savoir jouer la carte du lien social, de l’écologie, du mieux-vivre ensemble. La règle de la transparence tient la tête du tableau et tout, je dis bien tout est transparent, des salaires en passant par les bénéficiaires de crédits ou les entreprises soutenues. Chaque année, le rapport annuel détaille scrupuleusement les comptes. La BAS est clairement une banque engagée concrètement en faveur d’une autre façon de vivre l’activité bancaire en associant ses valeurs à ses actions. La BAS n’offre pas de produits bancaires spéculatifs, elle recherche en permanence des projets ayant un impact positif sur l’environnement et la société. Elle est spécialisée et entend vraiment peser de tout son poids. Aujourd’hui, elle est encore petite, mais elle grandit de jour en jour et le nombre de clients est de 33’224 contre 28’533 en 2012 (selon le dernier rapport annuel de 2014).

Nicole, qui vient du secteur bancaire classique, m’explique qu’ici elle peut mettre en pratique sa philosophie de vie. « Dans cet environnement, mes valeurs prennent sens. J’investis dans le bio, dans des structures offrant de la mobilité ou une éthique sociale que je partage ». Elle me précise que ses collègues qui « pourraient tous être des amis, car nous nous rejoignons sur beaucoup de points essentiels », ont tous pris ce virage qui a donné un sens à leur activité professionnelle. La Banque Alternative Suisse ne se contente pas de soutenir, elle met en pratique ses principes pour ses employés. Ainsi l’Abonnement Général de CFF est financé à cinquante pour cent (la banque compte nonante employés dont dix-sept en Suisse romande), les personnes venant à vélo disposent d’une douche, des formations spécifiques à l’éthique et au développement durable sont proposées régulièrement, l’association du personnel est très vivante…

Je prends des notes et je me dis que tous ces éléments doivent créer un climat de travail propice. Evidemment, force est de constater, lorsque je pars à la rencontre des différents membres de l’équipe, que je ne croise que des visages radieux, tout en ressentant un bien-être profond. Dans ce cadre qui attire mon œil comme la flamme le papillon, il fait bon travailler.L’espace, aéré, lumineux, bien agencé, respire. Chacun vaque à ses occupations sans empiéter sur l’autre. Dominique traduit par ici, Laïla répond au téléphone par là, Nathalie reçoit des clients. Tout cela dans une fluidité et une harmonie qui me séduisent totalement.

Ah, mais Chronos nous indique le moment de passer à table ! Stéphane, chef à ses heures, nous a concocté une soupe maison de potirons, carottes, choux et pommes de terre qui, à vue de nez, s’annonce divine. Nicole s’est chargée des légumes ainsi que des fromages, laissant au chef, le soin de choisir le pain de même que la charcuterie. L’atmosphère, toujours détendue et conviviale, permet à chacun d’évoquer divers sujets comme le Movember qui consiste, pour les hommes, à se laisser pousser la moustache en novembre pour sensibiliser autrui aux maladies typiquement masculines. Plusieurs participants attablés soulignent l’importance et l’ampleur du phénomène, dont je n’avais jamais ouïe parler ! Autres sujets : les produits bios dont la table est garnie, les valeurs de la BAS, l’économie sociale et solidaire. Cela foisonne ! Pour conclure, une petite boisson chaude avec des carrés de chocolat issus du commerce équitable et produits de façon biologique. Tout le monde retourne à son poste le sourire aux lèvres, il est temps pour moi de partir. Je redescends vers la gare, cette fois à pied, en passant par la rue du Petit-Chêne qui indique avec fierté « Gare CFF ». La boucle est bouclée.

Suivre l’évolution de la société

Comme j’ai pu le constater, la Banque Alternative Suisse est avant-gardiste et pas seulement dans le domaine bancaire ! Elle offre, en effet, des prestations sociales supérieures aux minima légaux qui reflètent les changements de société déjà en cours. Preuve que l’on peut, aujourd’hui, permettre à ses employés de bénéficier de bonnes conditions de travail, et de vie, tout en tenant économiquement la route. Je suis aussi prête à parier que ce contexte avantageux pour les salariés, l’est aussi pour l’employeur : une équipe motivée, stable, investie pleinement contribue au rayonnement autant qu’à la crédibilité de la banque. Mais quels sont donc les « plus » dont bénéficient le personnel ?

Nous l’avons mentionné, la mobilité douce, une préoccupation sociétale de plus en plus forte, s’affiche au tableau des « plus » de la banque qui contribue, à hauteur de cinquante pour cent, à l’achat d’un Abonnement Général des CFF. Six mois de congé maternité et un congé paternité de vingt jours sont octroyés lors de la naissance d’une crevette ou d’un moustique. Là encore, les désirs de plus en plus manifestes des personnes qui travaillent de pouvoir consacrer du temps à leur(s) enfant(s) à la naissance sont pris en compte. Après cinq ans d’ancienneté, les semaines de congés passent de cinq à six. Une activité à temps partiel est également encouragée (plus de 50% du personnel en a fait le choix). Tous ces avantages offrent la possibilité aux employés de découvrir d’autres horizons, de développer leur créativité, leur potentiel. Dans le même état d’esprit, un congé formation d’un mois est offert tous les cinq ans. La banque récolte les fruits de ses généreux semis : des employés formés et épanouis apportent leurs acquis dans la structure qui s’en nourrit également ce qui ouvre toujours de nouvelles perspectives.

Tout ceci me rappelle une citation de Richard Branson « Vos clients ne sont pas les plus importants. Ce sont vos employés qui le sont. Si vous prenez soin de vos employés, ils prendront soin de vos clients ». A la BAS, cela coule de source et fonctionne, alors faites passer le mot !

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